Accueil > Articles > L’Afrique en mouvement
L’Afrique en mouvement
Publié le : mardi 8 novembre 2011
Clôture du festival Africa in Motion 2011

Avec 30 films provenant de 16 pays, 5 jours de projections réunissant non moins de 100 à 200 spectateurs par séance, la 6e édition du festival écossais Africa in Motion s’est terminée dans la bonne humeur avec deux courts-métrages primés à la clé : Umkhongo du sud-africain Matthiew Jankes et Lezare de l’éthiopien Zelalem Woldemariam.







Fondé par la chercheuse sud-africaine Lizelle Bisschoff et dirigé avec aisance par la cap-verdienne Isabel Moura Mendes, le festival basé dans la prestigieuse FilmHouse d’Edimbourg a su allier exigence et passion. En choisissant de projeter ses films dans un lieu cinéphile très fréquenté, AiM s’est assuré la possibilité de toucher un public plus large et curieux que s’il s’était lové dans une salle d’une chaîne de cinéma commerciale.

L’équipe, entièrement constituée de femmes dynamiques et chaleureuses, est à l’image de l’organisation de l’événement. Un bol d’air frais dans la grisaille écossaise, une invitation au voyage pour les sédentaires.


Crédit Antonio Sanchez

On regrettera cependant que The Mirror Boy ait été programmé de bon matin en présence du réalisateur et que le stand de DVD bien garni de FilmHouse n’ait aucunement mis en avant des films africains. Néanmoins, la présence d’universitaires reconnus tels que David Murphy ou Noe Mendelle a suscité d’intéressants débats qui n’ont jamais pris des tournures élitistes.

Exigeant sans être prétentieux, le jeune festival séduit par sa simplicité et sa curiosité : sans appels à films hormis pour les courts-métrages, la sélection 2011 témoigne d’un véritable travail de recherche et d’une ligne éditoriale novatrice et percutante.

Sur 7 films provenant du Maghreb (Khouya, Garagouz), d’Afrique de l’Ouest (Tinye So), d’Afrique de l’Est (Dina, Lezare) et d’Afrique du Sud (The Tailored Suit et Umkhungo), 5 mettaient en scène des enfants et des jeunes sans que la programmation ne soit calquée sur la thématique "Jeunesse" du festival.

Ainsi Umkhongo (ci-dessus) [de Matthew Jankes, Afrique du Sud, 2011, 29min], prix du jury de cette édition, est un film de science-fiction dont les effets spéciaux et le traitement ont tout d’un Matrix ambitieux. A travers l’histoire d’un jeune garçon doté de pouvoirs surnaturels, le film impressionne par sa maîtrise technique (non sans rappeler les plans d’ouverture de Jerusalema et les blockbuster américains) et nous laisse optimistes quant à l’évolution certaine du cinéma sud-africain.

Plus humaniste, Lezare [Éthiopie, 2010, 15min] a obtenu le prix du public. Par la subtilité de son propos (la désertification, l’instinct de survie), la beauté de son image et la qualité de son interprétation, Zelalem Woldemariam, lauréat du programme d’aide au court-métrage Africa First 2011, assure avec brio la relève d’Haile Gerima.

Sans tomber dans l’écueil des festivals qui se contentent de programmer ce que d’autres vont chercher - et bien que plusieurs films ait été aperçus à Amsterdam, Zanzibar ou Nairobi - Africa in Motion offre une programmation éclectique qui dépasse la barrière de la langue. Un positionnement stratégique nécessaire tant la vivacité cinématographique actuelle du continent dépasse les sphères linguistiques.

Claire Diao
8 novembre 2011

Également…
1
>

Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France
Tél /fax : 01 48 51 53 75