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Kinshasa underground
Publié le : dimanche 25 octobre 2009
Tu n’as rien vu à Kinshasa

Mweze Ngangura est venu présenter son dernier film « Tu n’as rien vu à Kinshasa » à la quinzaine du cinéma francophone au Centre Wallonie Bruxelles à Paris.
L’occasion d’un débat à la fin de la projection.






Qu’elles sont les retombées que vous attendez avec ce film ?

Mweze Ngangura
Je pense que c’est une question difficile de savoir ce que l’art apporte réellement. Je suis cinéaste, j’ai joué mon rôle de témoin, simplement, j’ai donné la parole à ceux qui n’ont pas l’habitude de l’avoir. Je ne sais pas quelle retombée cela peut avoir. J’ai fait ma part de travail, c’est tout.

Avez-vous pu tourner facilement ?

Mweze Ngangura
J’ai une chose qui m’a facilité énormément ; le Ministre des affaires sociales m’avait à l’époque commandé un film sur les enfants des rues et éventuellement d’autres personnes à Kinshasa. Le contrat n’a pas pu se faire mais j’ai profité de l’encadrement du ministère accompagné d’un des membres du cabinet et d’une voiture. C’est là que j’ai fait la première partie du film. Le contrat n’ayant pas été honoré, je me suis retrouvé avec toute cette matière que j’ai exploitée. C’est vrai que ce n’est pas facile d’avoir des autorisations de tournage, même de tourner à Kinshasa. Le plus dur était dans « le désert » où des jeunes voulaient voler la caméra en provoquant une bagarre. Heureusement qu’un des jeunes, qui était un des meneurs de la bande, que j’ai filmé, ne voulait pas rentrer dans cette combine. Mais c’était très dangereux et très tendu à la fin du tournage, nous sommes partis rapidement.

Qu’est ce qui poussaient les gens à se confier comme ça, qu’est ce qu’ils en attendaient ?

Mweze Ngangura
Les gens avaient très envie de parler car ce qu’ils vivaient était trop dur. Ils se disaient que c’est l’occasion pour que nos autorités sachent ce que nous vivons. Ils ont l’impression que personne ne les écoute et ne sait ce qu’ils vivent. Ils avaient l’espoir que cela passerait à la télévision congolaise et ils en ont profité pour vider leur sac.

Qu’elle est la proportion de rupture familiale ?

Mweze Ngangura
Je ne connais pas les statistiques pour les ruptures familiales. C’est assez important. Je sais que pour les enfants des rues, cela dépasse 20000 à Kinshasa.

Louis Héliot
C’est difficile de les recenser. Avant les élection de 2006, le gouvernement qui était en place a fait en sorte de les chasser de Kinshasa car les enfants qui errent dans la rue sont montré du doigt comme étant des sorciers. Alors qu’ils sont loin de chez eux, parfois orphelins. Des bus entiers quittaient Kinshasa pour qu’on les voit moins dans la cité ou au centre ville. Ils sont toujours en train d’essayer de survivre du matin au soir, c’est très impressionnant. On se rend compte de l’ampleur de la tâche qui est tellement énorme que les organisations humanitaires sont dépassées.

Mweze Ngangura
Le problème actuel est que l’on a des enfants nés des enfants des rues eux-mêmes. Je me souviens que la Ministre de l’éducation pour la province de Kinshasa m’a demandé si j’avais filmé les « Kuluna » ; ce sont comme des gangs qui assassinent, c’est un phénomène tout nouveau dans la capitale. Des bandes de voleurs à main armée couteaux, machette, tesson de bouteilles … attaquent les kinois. Cela ne peut pas ne pas exister car on le voit bien, il y a une génération d’enfants issus d’enfants sans familles, sans éducation et qui sont sans solutions. L’Etat prend les choses en main en amenant ces enfants très très loin de la ville, au Katanga par exemple. On se doute bien que ce n’est pas une solution définitive, c’est juste une façon de masquer le problème.

Comment pensez-vous montrer ce film à la population ?

Mweze Ngangura
Il y a CFI qui était intéressé en visionnant le film. Je pense que c’est par le biais de ces télévisions que les gens seront les mieux informés. Il y a plein de chaînes à kinshasa. C’est même la 1ere idée qu’ont eu les autorités pour montrer le problème. J’ai cru comprendre que depuis que l’on a fait le film, on a évacué toute la friche dite « le désert » où ils comptent construire un supermarché. Ils ont construit un mur autour mais les gens sont revenus. Cela veut dire qu’il y a des initiatives pour masquer mais la vraie solution est de considérer que c’est un vrai problème et qu’il faut l’attaquer de front.

Propos recueillis par Benoît Tiprez

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