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Ouidah 2011
Publié le : lundi 17 janvier 2011
Une programmation axée sur le documentaire

Rencontre avec Jean Odoutan



Jean Odoutan, vous êtes le fondateur de Quintessence, le festival qui s’est déroulé à Ouidah, au Bénin, du 7 au 11 janvier 2011. C’est la neuvième édition. C’est chaque année vous qui établissez la programmation. Quid des prix attribués ?

Mes coups de coeur n’ont pas été primés… alors, je suis déprimé !... Le python royal, Grand Prix du Festival, a été attribué à L’Essence de la terre de Philippe Goyvaertz, (France/Guatemala), un long métrage documentaire qui traite des conséquences sociales et environnementales du développement des agrocarburants au Guatemala. Je défendais pour ma part plutôt un documentaire qui s’appelle Parures pour Dames, réalisé par Nathalie Joyeux et produit par Les films d’ici. C’est le portrait d’un groupe de femmes sans emploi qui transforment de vieux habits. Au fur et à mesure que leurs robes prennent forme, les femmes se dévoilent… J’ai aimé Parures pour Dames, parce que l’idée est simple. Le film raconte l’intervention d’une spécialiste de la mode dans un univers social défavorisé. Et cette rencontre improbable entre plusieurs femmes de cultures et de confessions différentes fonctionne très bien... Le film est bien réalisé, fin, drôle par moments et très émouvant à d’autres. Et j’aime bien cette fin, où ces femmes "perdues" jouent les mannequins et présentent leurs propres oeuvres concoctées à la suite de leur expérience avec cette spécialiste de la mode.

Il y avait beaucoup de documentaires en sélection long métrage, cette année…

Oui, cette année, on a privilégié le documentaire, parce que les fictions que l’on nous a proposées n’étaient pas de bonne facture. Nous n’écartons pas les films nigérians, mais nous n’en recevons pas des masses, et ceux que nous recevons ne tiennent pas la route.

On a l’impression d’une tonalité assez militante des choix de films.

En effet, la programmation procède d’une démarche militante. Il y avait notamment un documentaire franco-palestinien sur les réfugiés palestiniens, Chatila, les femmes et les enfants, de Pinigre Denys. Mais on peut noter aussi des films comme Cultures of Resistance, de Lara Lee (Corée-Brésil), Sharunas Bartas, an army of one, de Guillaume Coudray, Nobody knows my name, de James Nicholson, qui retrace le portrait d’une figure méconnue, mais notamment importante de la lutte des droits des Noirs aux Etats Unis dans les années soixante-soixante dix ou encore Beyrouth Kamikaze, de Christophe Karabache.
Mais il n’est pas sûr que cette démarche militante ait encore porté ses fruits, puisqu’ici, à Ouidah, le public est plutôt demandeur de « grosses fictions » ! Mais on a quand même fait le plein partout, surtout pour les projections en plein air. Il y a un film qui a suscité l’adhésion totale du public, c’est Cultures of Resistance, de la coréenne-brésiliennne Lara Lee qui était présente. Avec comme sous-titre « make films not war », son film suit, dans plusieurs pays, le travail de militants et agitateurs, d’éducateurs et d’artistes, de musiciens insurgés, de cinéastes de guérilla. Le film a notamment fait salle comble dans les camps réfugiés ogonis (qui sont venus du Nigéria voisins et sont à demeure à Ouidah désormais). Le film traversait 16 pays, dont le delta du Bénin au Nigéria.

Y a-t-il toujours beaucoup d’étudiants venus du Bénin et du Togo dans le public de Quintessence ?

Oui, notre public est majoritairement étudiant. Ce sont des étudiants venus en effet de plusieurs pays de la sous-région, notamment du Togo. Les jeunes ont vu et revu le documentaire sur le slam avec Grand Corps Malade : Slam, ce qui nous brûle, de Pascal Tessaud, produit par Temps noir. Ils se sont émerveillés devant plusieurs films, mais leur choix, majoritairement, reste la fiction !!! Les Togolais veulent tous être comédiens et investissent en nombre les cours d’art dramatique, animés par Claude Balogoun et Carole Lokossou. Alors que parmi les Béninois, il y a des jeunes comme Arnaud Akoha, Arcade Assogba qui sont passionnés par la réalisation et toujours motivés, malgré les difficultés.

Vous passez avant le fespaco le film de Jean-Marie Bekolo. "Les pieds nickelés à l’élysée", le titre est déjà prometteur. Le public de Ouidah a-t-il apprécié le film ?

Le film de Bekolo est excellent ! Il permet de comprendre les indépendances. Il a plu énormément aux spécialistes. Le grand public, ici, souvent analphabète, a regardé sans grand enthousiasme. J’espère qu’il gagnera un prix au Fespaco.

Propos recueillis par Caroline Pochon

PALMARES

 PYTHON ROYAL, Grand Prix du Festival
L’Essence de la terre de Philippe Goyvaertz, (France/Guatemala), Documentaire - 90 min

Mentions Spéciales du Jury :

Cultures of Resistance de Iara Lee, (Corée/Brésil), Documentaire - 75 min
Kafka au Congo de Marlène Rabaud et Arnaud Zajtman (France/Congo) Documentaire - 56 min

 PYTHON A TETE NOIRE, Prix du Meilleur Scénario
Soul Boy, de Hawa Essuman, (Kenya), Fiction - 60 min

 PYTHON PAPOU, Prix du Meilleur Film documentaire
Chef Thémis Cuisiner sans frontières, de Philippe Lavalette, (Canada), Documentaire - 52 min

Mentions Spéciales du Jury :

D’une Rive à l’autre de Delphe Kifouani, (France/Sénégal, Documentaire - 52 min
Au nom du père de tous du ciel de Brincard Marie-Violaine (France), Documentaire - 51min
Twilight Children de Marie Vidal-Michel (Afrique du Sud) Documentaire - 52 min

 PYTHON PYGMEE, Prix du Meilleur Court Métrage
La femme de dos, de Karen Alyx, (France), Fiction - 9 min

Mention spéciale du Jury :
La brûlure de Leïla Chaibi, (Algérie / Tunisie), Documentaire - 27 min

 LE PRIX DES JEUNES
Elles sont deux de Hadajara Karamoko-Mercy (France), Fiction - 2 min

 PYTHON TAPIS, Prix du Meilleur Film d’Animation
Chroniques de la poisse de Osman Cerfon, (France), Animation - 6 min

 PYTHON DE CHILDREN, Prix du Public
Cultures of Resistance de Iara Lee, (Corée/Brésil), Documentaire - 75 min

 PYTHON A LEVRES BLANCHES, Prix de la sélection Demain c’est Aujourd’hui
Danse sacrée à Yaka de Guy Désiré Yaméogo (Burkina Faso), Fiction - 87 min

Mention spéciale du jury :
Ange et Rose, le rendez-vous de l’amour de Stanislas J.Debrenga Homalo (Bénin), Fiction - 103 min

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