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Jeunesse en Afrique : DIVIZIONZ
Publié le : dimanche 8 février 2009
Amiens 2008

Fait par des jeunes sur les jeunes, Divizionz du collectif Yes !That’s us vient d’Ouganda. Tourné en quelques jours en DV avec un petit budget dans un quartier populaire de la capitale, ce cinéma s’auto proclame du guerilla movie.


C’est un film dont les couleurs claquent, dont le montage pulse, dont la caméra bouge, à la fois urbaine, voire suburbaine, et nerveuse. Les héros sont une bande de quatre losers qui rêvent d’être chanteurs mais qu’on ne voit jamais chanter. Ils sont pris dans le quartier. D’après Yves Jezekel, programmateur à Amiens, c’est un mean streets à l’africaine. Le réalisateur se réclame également d’une référence comme Cassavetes mais aussi tout le néo-réalisme et on devine qu’il a aussi regardé du clip, du film américain. C’est en tout cas un film inspiré par un univers musical, porté par un petit groupe de comédiens. C’est un film qui se défie des règles scénaristiques et qui nous embarque dans son univers. D’après le réalisateur, le film a déjà rapporté en Ouganda grâce aux cinémas mobiles plus qu’il n’aurait rapporté avec une sortie salle. La jeunesse ougandaise se retrouve dans ce film, classes moyennes comprises. Une jeune pousse à suivre pour un cinéma totalement décomplexé vis à vis des règles, qu’elles soient de l’art ou de la production traditionnelle.

Donald Mengisha

Guerilla cinéma
Nous sommes une équipe de cinq et nous occupons tour à tour tous les postes. Le caméraman doit avoir une idée du son, du montage, ce qui permet d’être plus efficace. Je tourne en pensant déjà au montage. Nous tournons rapidement (par exemple 15 jours pour un long métrage), en numérique. C’est ce que nous appelons le guerilla cinéma.
J’ai grandi dans une ferme, je me suis nourri de films, ensuite, j’ai fait des études de communication et de journalisme à l’université et cela ne m’a pas plu. J’ai fait des expériences, des jobs, et j’ai rencontré les autres membres de notre collectif Yes ! That’s us , qui étaient comme moi. On avait envie d’utiliser les moyens dont on pouvait disposer.
Je suis influencé par Fellini, le néo-réalisme. Nous tournons avec un scénario très simple (l’histoire se déroule sur une journée), mais avec beaucoup de liberté. Disons que 70% est écrit, 30% est de l’improvisation, que ce soit dans le jeu, dans le choix du découpage, des cadres. L’idée est de faire un film authentique, il doit dégager une certaine énergie. C’est du mouvement, du rythme. Dès l’écriture, on voulait que l’image bouge, que ça ait l’air d’un documentaire. On voulait que ça aille vite. Parce que dans ce quartier, ça va vite, les gens vont vite, ils parlent vite, c’est cette énergie qu’on voulait transmettre.

La société ougandaise
En Ouganda, les gens aiment beaucoup le film, parce qu’il examine les gens du ghetto, les minorités. Notre premier public a été celui des quartiers et ils s’y sont reconnus, ils ont reconnu leur quartier, les situations qu’ils vivent quotidiennement. Les gens des classes moyennes ont aussi aimé le film, parce que c’est un monde qu’ils côtoient de loin mais avec qui ils sont en contact au quotidien (leurs chauffeurs, leurs bonnes viennent de ce milieu), sans avoir vraiment accès à ce milieu. C’est un film très important pour les jeunes en Ouganda, c’est un miroir social, en dépassant les préjugés, en montrant la réalité. Ils s’y reconnaissent. L’amitié, l’ambition... La société ougandaise est contrastée. D’un côté, il y a la grande ville, avec des immeubles, des classes moyennes et tout autour, des ghettos, des bidonvilles, comme on voit dans le film. Et dans nos personnages, tous les jeunes du ghetto peuvent se reconnaître. Et ces classes populaires sont une majorité. C’est une minorité en termes économiques et politiques, mais c’est une majorité par le nombre. Et c’est le cas dans tous les pays d’Afrique.

Caroline Pochon

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