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L’appel des arênes
Publié le : mercredi 7 mai 2008
Critique

A la fois récit initiatique et film chorale, l’Appel des arênes, adapté d’un roman d’Aminata Sow Fall, est un hommage à la lutte, sport traditionnel sénégalais. Mais loin d’un récit montrant un enchaînement de combats, l’intrigue trace les parcours de plusieurs personnages gravitant autour de Sory, le bookmaker, et l’apprenti lutteur Nalla.

Le film dépeint le milieu de la lutte pour montrer l’importance que ce sport revêt dans la société sénégalaise. Partiellement filmé à l’épaule, l’aspect documentaire ainsi donné sert bien le propos, apportant à l’histoire une dimension sociologique. Prenant le parti de montrer plutôt que de discourir, le film gagne en légèreté sur le côté attendu de sa conclusion : celui qui respecte les règles éthiques gagne.

L’intrigue insiste surtout sur cette éthique du combat qui mêle entraînement physique et préparation spirituelle. Les entraînements physiques sont presque hypnotiques, cadencés par la répétition des mouvements. Alors que la lutte est a priori un sport individuel, les lutteurs s’entraînant ensemble sur la plage sont appréhendés sur un mode collectif. Sous l’œil de la caméra, les corps ne sont plus qu’un seul et même mouvement, duquel se dégage la joie de l’effort. Cette dimension joyeuse, notamment visible lors des jeux entre Nalla et André, se retrouve également dans les parades dansées. Cette joie des corps est d’autre part indissociable de la paix de l’âme, le marabout ayant un rôle essentiel dans la préparation du lutteur. Le corps et l’esprit pleinement en équilibre, la lutte est montrée comme un sport résolument positif, vecteur de bonheur et de sérénité.

Celle-ci s’exprime pleinement dans le personnage central d’André. Guide spirituel pour Nalla, il l’est aussi pour le champion Malaw. Sage parmi les siens, il se sert occasionnellement de son art pour défendre ce qu’il estime juste dans la société. Ainsi il rencontre Nalla en le défendant contre des voleurs. Et son intransigeance vis à vis de lui-même, son courage et son désir de justice le conduira à la tragédie.

Malgré cette péripétie tragique, l’un des intérêts du scénario est que tradition et modernité ne sont pas opposées comme elles auraient pu l’être. Au contraire, le film montre comment la tradition et les valeurs peuvent s’inscrire au cœur de la société moderne, et aider les individus à y faire ce qui est juste.

Bien mené, le film manque pourtant un peu de suspens dans son dénouement et laisse une image particulièrement négative de la femme tentatrice. Cette petite morale finale mise à part, ce qui demeure est une belle histoire servie par des acteurs particulièrement justes, qui célèbre les valeurs et le dépassement de soi.

Julie Petignat (Clap Noir)

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